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Citroën MÉHARI : La révolution plastique indestructible

16 mai 1968, plage de Deauville. Pendant que Paris brûle et que les étudiants manifestent dans les rues, Citroën dévoile tranquillement sur le golf de la station balnéaire normande une voiture révolutionnaire qui va marquer l'histoire : la Méhari. Huit véhicules colorés stationnés sur l'herbe verte, et personne n'imagine que cette petite voiture en plastique va devenir l'une des icônes les plus cultes de l'automobile française.

Moi, quand j'ai découvert l'histoire de la Méhari, j'ai tout de suite compris pourquoi elle fascine encore aujourd'hui. C'est pas juste une voiture, c'est une révolution sur roues, une utopie plastique née de l'esprit génial d'un héros de guerre devenu visionnaire industriel.

Aujourd'hui, je vous raconte l'histoire incroyable de la Citroën Méhari - comment une voiture de plage apparemment anodine a révolutionné l'automobile, survécu à 19 ans de production, conquis Hollywood, et pourquoi 55 ans après, elle reste absolument indestructible.

Le héros de guerre qui révolutionna le plastique

Pour comprendre la genèse de la Méhari, il faut d'abord vous parler de son créateur. Et là, accrochez-vous, parce que Roland de la Poype c'est pas le premier ingénieur venu.

On est en 1943, quelque part au-dessus du front de l'Est. Un jeune pilote français de 24 ans enchaîne les missions de combat avec l'escadron Normandie-Niémen, cette unité légendaire qui combat aux côtés des Soviétiques contre la Luftwaffe. Ce pilote, c'est Roland de la Poype, et il vient de descendre son 16ème avion ennemi. À 27 ans, il devient Compagnon de la Libération. Vous savez, le truc qu'on n'obtient qu'en étant vraiment, vraiment héroïque.

Mais Roland, c'est pas le genre à se contenter de ses médailles. Après la guerre, ce visionnaire se lance dans l'industrie du plastique. Et là, je dois vous avouer que le gars avait vraiment du flair - il crée le berlingot Dop, vous savez, le petit sachet de shampoing dessiné par Vasarely qu'on trouvait partout dans les années 60. Ah, et accessoirement, il fonde aussi le Marineland d'Antibes. Rien que ça.

En 1967, Roland de la Poype a une nouvelle obsession : créer une voiture entièrement en plastique. À l'époque, c'est révolutionnaire. Le plastique en automobile, ça n'existe quasiment pas. Mais lui, il y croit dur comme fer. Avec sa société SEAB et le designer Jean-Louis Barrault, il développe une carrosserie révolutionnaire en ABS - Acrylonitrile Butadiène Styrène pour les intimes.

Et le truc génial avec ce plastique, c'est qu'il est teinté dans la masse. Ça veut dire quoi ? Que même si vous rayez la carrosserie, la couleur reste la même en profondeur. Mieux encore : après un choc, la carrosserie retrouve sa forme initiale. C'est de la science-fiction pour l'époque !

Un lancement en pleine révolution

Maintenant, imaginez la scène. On est le 16 mai 1968. À Paris, c'est l'émeute. Les CRS chargent les étudiants, la France est paralysée, de Gaulle va bientôt se barrer à Baden-Baden pour voir si l'armée le soutient encore. Et pendant ce temps-là, à Deauville, Citroën organise tranquillement la présentation de la Méhari sur un terrain de golf.

Je me dis que les journalistes présents devaient se gratter la tête : "Bon, on couvre la révolution ou la petite voiture en plastique ?" Forcément, la Méhari passe complètement inaperçue. Les médias ont d'autres chats à fouetter que de parler d'une voiture de plage.

Mais Citroën avait bien choisi son lieu. Deauville, c'est chic, c'est balnéaire, c'est exactement l'image qu'ils voulaient donner à leur nouveau modèle. Huit Méhari colorées stationnées sur l'herbe verte du golf, avec en arrière-plan les parasols de la Côte fleurie. Le message était clair : cette voiture, c'est le bonheur de vivre, l'évasion, la liberté.

Une base technique éprouvée dans un écrin révolutionnaire

Techniquement, Roland de la Poype n'a pas réinventé la roue. La Méhari reprend le châssis de la Dyane et le moteur bicylindre de 602 cm³ de l'Ami 6. Mais franchement, c'était malin. Pourquoi s'embêter à développer une nouvelle mécanique quand celle de Citroën fonctionne parfaitement ?

Et puis, il faut reconnaître que la suspension de la 2CV, c'est du génie pur. Sur la plage, sur les chemins défoncés, dans les ornières, cette voiture passe partout. 535 kg à vide pour 400 kg de charge utile, vous imaginez ? C'est presque du 50/50 !

Alors oui, avec ses 29 chevaux, c'est pas une fusée. Mais franchement, qui a besoin de vitesse quand on roule torse nu sur la corniche avec le vent dans les cheveux ?

La révolution plastique qui marqua l'automobile

Là où Roland de la Poype était visionnaire, c'est qu'il avait compris que le plastique était l'avenir de l'automobile. En 1968, utiliser de l'ABS pour une carrosserie complète, c'était de la pure folie. Les constructeurs utilisaient à peine le plastique pour quelques éléments d'habitacle.

Et ce choix va s'avérer génial. La carrosserie en plastique, ça ne rouille pas. Ça résiste à la corrosion salée de bord de mer. Ça se répare facilement. Et surtout, ça garde ses couleurs. Vous savez pourquoi les Méhari d'époque ont encore des couleurs éclatantes aujourd'hui ? Parce que la peinture, elle est dans le plastique, pas dessus.

D'ailleurs, je vous parie que si vous trouvez une Méhari qui a passé 40 ans au soleil, elle aura meilleure mine qu'une voiture métallique du même âge. C'est ça, la magie du plastique teinté dans la masse.

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Des couleurs aux noms de désert

Et parlons-en, de ces couleurs ! Citroën n'y est pas allé de main morte. Toutes les teintes officielles (sauf la série limitée Azur) portaient des noms de régions désertiques : Hopi pour le rouge, Montana pour le vert, Kalahari pour le beige, Tibesti, Kirghiz pour l'orange, Hoggar, Atacama pour le jaune...

Ce choix, c'était un hommage direct au dromadaire méhari dont la voiture tirait son nom. Ces animaux du désert, réputés pour leur polyvalence et leur résistance, c'était exactement l'image que Citroën voulait donner à sa voiture : robuste, fiable, capable de tout affronter.

Moi, quand je vois une Méhari orange Kirghiz garée sur une plage, j'ai immédiatement l'impression qu'elle pourrait traverser le Sahara sans broncher. Et vous savez quoi ? Elle en serait probablement capable.

Un succès commercial totalement inattendu

Citroën ne s'attendait pas du tout au succès de la Méhari. Au départ, c'était prévu comme un modèle de niche pour les vacances et les loisirs. Résultat : 144 953 exemplaires vendus en 19 ans de carrière, avec un pic à 13 910 unités en 1974.

Et les prix, ils étaient vraiment contenus : 7 925 francs en version 2 places, 8 692 francs en 4 places. Pour vous donner une idée, une 2CV coûtait dans les 6 000 francs à l'époque. Donc oui, la Méhari était plus chère, mais pas prohibitive. Et surtout, pour ce prix-là, vous aviez une voiture unique au monde.

Ce qui a contribué au succès, c'est aussi cette image de liberté totale. Pas de toit rigide, des portières amovibles, un pare-brise rabattable... La Méhari, c'était l'anti-voiture bourgeoise par excellence. C'était le véhicule de ceux qui voulaient vivre différemment.

L'armée française adopte la révolution plastique

Et puis, il y a eu un client qu'on n'attendait pas : l'armée française. Entre 1972 et 1987, elle commande 11 457 Méhari ! Vous imaginez la scène ? Des généraux découvrant qu'une petite voiture de plage en plastique pouvait remplacer avantageusement leurs lourdes Jeep américaines.

L'avantage militaire de la Méhari, c'était évident : légère, donc facile à transporter. Silencieuse avec son petit moteur. Fiable mécaniquement. Et surtout, increvable grâce à sa carrosserie plastique. Pas de rouille, pas de bosses définitives, une maintenance réduite au minimum.

Ces Méhari militaires, elles ont servi partout : en Afrique, en Guyane, dans les DOM-TOM... Et beaucoup ont survécu et se retrouvent aujourd'hui dans les collections, reconnaissables à leur peinture vert armée caractéristique.

Louis de Funès et la consécration cinématographique

Mais ce qui va vraiment faire exploser la notoriété de la Méhari, c'est son apparition dans la saga des "Gendarmes" avec Louis de Funès. Vous vous souvenez de ces scènes cultes où Cruchot et ses collègues patrouillent dans leurs petites voitures kaki ?

Ces films, ils ont été vus par des millions de spectateurs dans le monde entier. Et pour beaucoup, la Méhari, c'était d'abord ça : la voiture de Louis de Funès. L'association était tellement forte que Citroën n'avait même pas besoin de faire de la pub.

D'ailleurs, il y a un exemplaire authentique utilisé dans ces films qui est exposé au Musée national de l'automobile de Mulhouse. Quand je l'ai vue, j'ai eu un petit frisson. Cette voiture, elle a fait rire des générations entières !

Mais la consécration internationale, elle vient d'ailleurs. En 1973, Elvis Presley utilise une Méhari dans son concert "Aloha from Hawaii Via Satellite", diffusé en direct par satellite dans le monde entier. Elvis et une Méhari hawaïenne, vous imaginez le cocktail ? Ça, c'était du placement de produit avant l'heure !

Des versions spéciales qui font rêver les collectionneurs

Au fil des années, Citroën a décliné plusieurs versions spéciales qui sont aujourd'hui recherchées par les collectionneurs. La Méhari Azur, blanche avec des éléments bleus, était initialement limitée à 700 exemplaires avant d'être intégrée à la gamme. Aujourd'hui, c'est LA version que tout le monde s'arrache.

Il y a eu aussi la version Plage, jaune Atacama, destinée exclusivement à l'Espagne et au Portugal. Celle-là, c'est encore plus rare. Et puis toutes ces couleurs exotiques qui donnent envie de partir immédiatement en vacances.

Moi, celle qui me fait craquer, c'est la orange Kirghiz. Cette couleur, elle résume tout l'esprit Méhari : solaire, optimiste, un peu folle. Quand vous en croisez une sur la route, impossible de ne pas sourire.

L'aventure internationale et sportive

Ce qu'on sait moins, c'est que la Méhari a eu une carrière sportive remarquable. Elle a participé à des rallyes prestigieux : Liège-Dakar-Liège en 1969, Paris-Kaboul-Paris en 1970, et même le Paris-Dakar en 1980.

Imaginez une petite voiture de plage en plastique traversant le Sahara au milieu des Range Rover et autres mastodontes ! C'était David contre Goliath version automobile. Et elle s'en est remarquablement bien sortie, prouvant que la fiabilité de la mécanique Citroën n'était plus à démontrer.

Aux États-Unis, Budget Rent-A-Car proposait des Méhari en location à Hawaï entre 1969 et 1970. Ces petites voitures sans ceintures de sécurité (car classées comme des camions) permettaient aux touristes de découvrir les îles dans un style totalement original, bien avant l'époque des Jeep Wrangler de location.

C'était ça, l'esprit Méhari : aller partout, tout voir, tout expérimenter, sans se prendre au sérieux mais avec un style fou.

La fin d'une époque et la renaissance électrique

En 1987, après 19 ans de bons et loyaux services, la production de la Méhari s'arrête. Les normes de sécurité évoluent, les goûts changent, et Citroën décide de tourner la page. C'est la fin d'une époque.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. En 2016, Citroën sort l'e-Méhari, une version 100% électrique qui rend hommage au modèle original. Même esprit, même liberté, mais avec la technologie du 21ème siècle.

Franchement, quand j'ai vu la e-Méhari pour la première fois, j'ai eu les larmes aux yeux. Cette silhouette, ces couleurs, cet esprit de liberté... Tout y était. Roland de la Poype aurait été fier de voir que son rêve plastique avait traversé les décennies.

Aujourd'hui, l'e-Méhari n'est plus produite, mais elle a prouvé une chose : l'esprit Méhari est intemporel. Cette soif d'évasion, ce refus de la banalité, cette joie de vivre automobile, ça ne vieillit jamais.

L'héritage indestructible d'une voiture révolutionnaire

Mais d'ailleurs, parlons-en de cet héritage. Aujourd'hui, quand vous voyez une Méhari, elle a souvent l'air plus fraîche qu'une voiture métallique deux fois plus récente. C'est ça, la magie du plastique teinté dans la masse. Pas de rouille, pas de décoloration, pas de vieillissement visible.

Et puis, cette polyvalence incroyable ! Voiture de plage l'été, véhicule utilitaire pour les artisans, destrier militaire pour l'armée, star de cinéma avec Louis de Funès... La Méhari a tout fait, et elle l'a fait avec style.

Moi, quand je croise une Méhari sur la route, j'ai toujours cette pensée : voilà une voiture qui a réussi son pari. Être différente, être libre, être joyeuse. Dans un monde automobile de plus en plus normalisé, la Méhari reste un électrochoc de bonheur.

Et vous savez ce qui me fascine le plus ? C'est que cette révolution plastique, née de l'esprit génial d'un héros de guerre, continue d'inspirer les constructeurs aujourd'hui. Regardez toutes les voitures modernes avec leurs éléments en plastique, leurs pare-chocs colorés, leurs protections non métalliques... Roland de la Poype était vraiment un visionnaire.

La Citroën Méhari, c'était plus qu'une voiture. C'était une philosophie : celle du bonheur simple, de l'aventure accessible, de la liberté sur quatre roues. Cette petite voiture en plastique a révolutionné notre façon de concevoir l'automobile de loisir.

De son lancement discret en pleine révolution de Mai 68 à sa descendance électrique moderne, la Méhari a traversé les époques sans prendre une ride. Indestructible par nature, inoubliable par essence.

Alors la prochaine fois que vous croiserez une Méhari orange Kirghiz ou blanche Azur sur une route de vacances, pensez à Roland de la Poype et à son rêve fou d'une voiture en plastique. Ce héros de guerre devenu visionnaire industriel nous a laissé bien plus qu'un véhicule : il nous a laissé un art de vivre automobile unique au monde.

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