On est en 1938, circuit des 24 Heures du Mans. Face aux redoutables Alfa Romeo italiennes et aux Talbot françaises, sept Delahaye 135 S s'élancent dans la course la plus mythique au monde. Et vous savez quoi ? Elles vont réaliser un doublé historique. Robert Mazaud établit même le record du tour l'année suivante en 5 minutes 12 secondes, à la moyenne hallucinante de 155 km/h. Imaginez un peu : des voitures françaises qui écrasent la concurrence européenne sur le circuit le plus prestigieux du monde.
Mais attendez, parce que ce triomphe au Mans, c'est juste la cerise sur le gâteau d'une marque qui a révolutionné l'automobile française. Je vous raconte aujourd'hui l'histoire de Delahaye, cette manufacture d'exception qui a incarné le génie français d'avant-guerre, entre innovations révolutionnaires et collaborations avec les plus grands carrossiers de l'époque.
Tout commence en 1894 à Tours, quand Émile Delahaye, ingénieur diplômé de l'École impériale d'Arts et Métiers d'Angers, décide de fonder sa marque automobile. Et déjà, le bonhomme voit les choses en grand : il ne veut pas faire dans le bricolage d'assembleur, non, il veut du 100% français. Moteur, châssis, carrosserie, tout est conçu en France.
Moi j'adore cette époque où les constructeurs français avaient cette fierté du savoir-faire national. Pas comme aujourd'hui où on assemble trois bouts qui viennent de Chine, du Mexique et de Roumanie en collant un petit drapeau tricolore dessus.
Dès 1895, Delahaye innove avec des soupapes en tête - révolutionnaire pour l'époque. Et en 1896, à peine deux ans après sa création, la marque participe déjà aux courses les plus prestigieuses comme Paris-Marseille-Paris et Paris-Dieppe. Vous imaginez ? Ils avaient pas encore trois ans d'existence qu'ils allaient déjà chatouiller les plus grandes marques européennes sur les circuits.
Mais bon, Émile Delahaye, il vieillit. En 1901, il prend sa retraite, et meurt en 1905. C'est là qu'arrive le personnage clé de toute cette histoire : Charles Weiffenbach. En 1906, ce type prend la direction de Delahaye et va la garder pendant... attendez, accrochez-vous... près de 50 ans. Les ouvriers l'appelaient affectueusement "Monsieur Charles", et ce Monsieur Charles, il va transformer Delahaye en légende.
L'innovation au cœur du génie français
En 1911, quelque chose d'absolument dingue se passe chez Delahaye. L'ingénieur en chef Amédée Varlet - retenez bien ce nom - invente et développe le tout premier moteur V6 de l'histoire automobile. Oui, vous avez bien entendu. En 1911. Avec la Type 44, il sort un V6 de 3,2 litres à 30° avec double arbre à cames.
Pour vous donner une idée, le V6 aujourd'hui c'est la norme mondiale. Votre Peugeot, votre Renault, votre Audi, il y a de fortes chances qu'elles aient un V6. Eh bien cette révolution technique, elle est née chez Delahaye en 1911. Plus de 110 ans d'avance sur son temps.
Et Varlet, il s'arrête pas là. Ce génie alsacien conçoit aussi le moteur marin "Titan", un énorme quatre cylindres qui équipe le bateau "La Dubonnet" et qui détient brièvement le record du monde de vitesse sur l'eau. Vous voyez, l'expertise technique française, elle s'exportait bien au-delà de l'automobile.
En 1924, nouvelle innovation : les freins aux quatre roues. Encore une fois, Delahaye devance son époque. Moi quand je vois ça, j'ai envie de dire aux constructeurs d'aujourd'hui : "Regardez vos ancêtres, ils innovaient vraiment au lieu de juste changer la couleur des rétroviseurs et appeler ça une révolution."
La rencontre qui a tout changé
Mais au début des années 1930, catastrophe. Delahaye frôle la faillite. Charles Weiffenbach se demande s'il doit pas tout arrêter. Et là, il a une idée : il va demander conseil à son ami et concurrent, Ettore Bugatti. Oui, le maître d'Alsace en personne.
Cette conversation avec Bugatti, c'est le tournant de l'histoire Delahaye. Le créateur de la Type 35 influence directement la décision de Weiffenbach : réorienter Delahaye vers les voitures de luxe et de compétition. Cette discussion va littéralement sauver l'entreprise et créer la légende qui va suivre.
C'est beau cette époque où les constructeurs concurrents se donnaient des conseils au lieu de se faire des procès pour des histoires de brevets, non ?
La Type 135 : Le chef-d'œuvre Art déco
1935. Jean François, le nouveau concepteur principal, dévoile ce qui va devenir l'icône absolue de la marque : la Type 135. Et là, on parle d'un chef-d'œuvre du style Art déco. Cette voiture, elle incarne tout ce que la France savait faire de mieux : élégance, raffinement, performance.
La Type 135, elle propose des moteurs de 3,2 à 3,5 litres développant de 95 à 160 chevaux selon les versions. Pour l'époque, c'est de la bombe atomique sur roues. Et surtout, elle va cartonner en compétition : Rallye Monte-Carlo en 1937 et 1939, victoire aux 24 Heures du Mans en 1938, et de nombreux Grand Prix européens.
Mais ce qui rend la Type 135 vraiment unique, c'est sa collaboration avec les plus prestigieux carrossiers français. On parle de Chapron, Figoni & Falaschi, Saoutchik, Antem, Franay, Guilloré, Labourdette et Pourtout. Ces types, c'étaient les Picasso de la carrosserie automobile. Chaque Delahaye Type 135 sortait de leurs ateliers comme une œuvre d'art roulante.
D'ailleurs, vous savez ce qui est fascinant ? À l'époque, vous commandiez votre châssis Delahaye, puis vous alliez chez le carrossier de votre choix pour habiller votre voiture. Résultat : il n'existe pratiquement pas deux Delahaye Type 135 identiques. 2 592 exemplaires produits jusqu'en 1952, et chacune était unique.
Je vous raconte ça, et ça me rappelle pourquoi j'adore les voitures de cette époque. Parce que tenir une Delahaye Type 135 miniature au 1/43ème dans ses mains, c'est comme retrouver toute cette histoire d'un coup.
C'est d'ailleurs pour ça que j'ai ouvert ma boutique BernardMiniatures.fr. J'ai plus de 1500 miniatures en stock, surtout du 1/43ème, spécialisées dans les voitures anciennes de 1950 à 1999. Bon, je ne suis pas un gros site, alors souvent j'ai qu'une ou deux pièces de chaque modèle, mais c'est aussi ce qui fait le charme. J'ai quelques Delahaye bien sûr, mais aussi des Citroën DS, des Peugeot 504, des Renault Alpine, des voitures des 24h du Mans, du rallye... un peu de tout quoi.
La livraison est gratuite à partir de 75€ en France, et je fais attention à bien emballer tout ça avec du papier bulle parce que ces petites merveilles, ça casse facilement.
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Maintenant, parlons un peu plus de ce qui faisait vraiment la différence chez Delahaye...
La diversification industrielle
Parce que voyez-vous, Delahaye ne faisait pas que des automobiles de luxe. Non non, Charles Weiffenbach avait vu plus large. La marque fabriquait des camions, des véhicules d'incendie pour l'État français, des moteurs industriels, des bateaux de course et même une machine agricole appelée "charrue Tournesol".
Moi j'trouve ça génial cette polyvalence. D'un côté tu sors des œuvres d'art pour millionnaires, de l'autre tu équipes les pompiers français. C'est ça, l'industrie automobile française d'avant-guerre : du sur-mesure ET du service public.
René Dreyfus et le "Prix du Million"
1937, circuit de Montlhéry. Face aux Mercedes allemandes ultra-dominatrices de l'époque nazie, René Dreyfus au volant d'une Delahaye Type 145 à moteur V12 de 4,5 litres développant 238 chevaux remporte le fameux "Prix du Million". Un défi lancé par le gouvernement français pour prouver que l'industrie automobile tricolore pouvait rivaliser avec l'Allemagne hitlérienne.
Et là, c'est pas juste une course automobile qu'on regarde, c'est un duel technologique et politique. D'un côté, la machine de guerre industrielle nazie avec ses Mercedes-Benz survitaminées. De l'autre, le savoir-faire français incarné par cette Delahaye Type 145 et son pilote René Dreyfus.
Dreyfus gagne. La France triomphe. Et moi, quand je lis ça, j'ai des frissons. Parce que cette victoire, elle représente bien plus qu'un simple record : elle prouve que l'excellence française pouvait tenir tête à n'importe qui, même dans les moments les plus sombres de l'Histoire.
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L'apogée technique : la Type 145
La Type 145, justement, c'est le summum de l'art Delahaye. Ce V12 de 4,5 litres, c'est du délire technique pur. 238 chevaux à une époque où la plupart des voitures plafonnaient à 50. Les Type 145 dominaient la compétition européenne et faisaient trembler les constructeurs allemands qui se croyaient invincibles.
Le V12 Delahaye, il avait cette sonorité unique, cette puissance linéaire qui collait parfaitement à l'élégance française. Pas besoin de faire du bruit pour rien comme certains, la puissance était là, disponible, racée.
La fin d'une époque
Mais hélas, toutes les belles histoires ont une fin. Après la guerre, le monde automobile change. Les voitures de luxe sur-mesure, c'est fini. La production de masse arrive, la démocratisation de l'automobile aussi. Delahaye essaie de s'adapter, mais le cœur n'y est plus.
Le 31 décembre 1954, Charles Weiffenbach, "Monsieur Charles", ferme personnellement les portes de l'usine Delahaye. Après près de six décennies à la tête de l'entreprise, il accompagne sa marque jusqu'au bout. C'est la fin d'une époque pour l'automobile française de prestige.
Imaginez la scène : ce vieil homme qui a consacré sa vie à cette marque, qui ferme une dernière fois les portes de son usine. Ça me fend le cœur rien que d'y penser.
L'héritage éternel
Mais bon, Delahaye n'est pas vraiment morte. Elle vit encore aujourd'hui dans nos mémoires, dans les concours d'élégance où les collectionneurs se disputent les dernières survivantes, dans les livres d'histoire automobile.
Moi quand je regarde une Delahaye Type 135, je vois tout ça : l'innovation du premier V6 de Varlet, le génie créatif des carrossiers français, les victoires en compétition, cette époque où la France savait encore faire rêver le monde entier avec ses automobiles.
Et c'est pour ça que j'aime tant ces voitures anciennes. Parce que derrière chaque modèle, il y a une histoire, des hommes passionnés, un savoir-faire qui se transmettait d'ingénieur en ingénieur, d'artisan en artisan.
Delahaye, c'était l'excellence française d'avant-guerre. Une époque où nos constructeurs inventaient le V6, battaient les Mercedes aux 24 Heures du Mans, collaboraient avec les plus grands carrossiers du monde. Une époque où la France automobile faisait encore rêver.
Alors la prochaine fois que vous croisez une Delahaye dans un musée ou un concours d'élégance, prenez le temps de vous arrêter. Regardez bien ces lignes, cette élégance, cette prestance. Et souvenez-vous que derrière cette beauté, il y a toute l'histoire du génie français automobile.
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Voilà pourquoi Delahaye reste, encore aujourd'hui, le symbole de ce que la France savait faire de mieux : allier innovation technique, élégance artistique et performance sportive. Un héritage dont on peut être fiers, et qui me donne encore des frissons à chaque fois que j'en parle.














