1979, un homme dessine sur sa planche à dessin ce qui va devenir la plus grosse révolution familiale de l'automobile française. Dans son bureau de Romorantin, Philippe Guédon ignore encore qu'il vient d'inventer un concept qui va faire trembler Detroit, révolutionner l'Europe et accessoirement créer un mot français que le monde entier va adopter. Parce que oui, le monospace, c'est 100% français et ça a failli ne jamais exister.
Ce week-end de mars 1979, quand Antoine Volanis dessine sur son fameux "dessin orange" ce qui deviendra l'Espace, personne n'imagine qu'ils viennent de créer le véhicule qui va sauver des milliers de familles françaises du calvaire des trajets en R5 avec trois gosses entassés à l'arrière. Moi, j'ai vécu cette époque, et croyez-moi, partir en vacances à 5 dans une berline des années 80, c'était l'enfer sur roues.
Mais avant de vous raconter comment une petite équipe de Français a réussi à réinventer la voiture familiale et à faire pleurer de rage les constructeurs américains, on va commencer par le commencement. Et le commencement, c'est un certain Philippe Guédon qui, en 1978, se retrouve envoyé aux États-Unis par Jean-Luc Lagardère pour une mission qui va tout changer.
Le voyage qui a tout déclenché
Philippe Guédon, ingénieur diplômé des Arts et Métiers d'Angers, né en 1933, c'est un peu le libre-penseur de l'automobile française. Passionné d'architecture, disciple de Le Corbusier, ce type ne pense pas comme les autres. Quand il débarque aux États-Unis en 1978, il découvre quelque chose qui va lui exploser le cerveau : les vans américains.
Imaginez-vous, ce Français habitué aux petites berlines européennes qui découvre ces énormes véhicules où une famille entière peut voyager dans le confort. Mais plus fort encore, il apprend que Chrysler développe en secret un projet de minivan. Et là, le déclic. Guédon se dit : "Et si on adaptait ça au marché européen ?"
Parce que franchement, en 1978, les familles françaises souffrent. Vous avez une R18, vous voulez partir en vacances avec madame, les trois enfants, le chien et les bagages ? Bah c'est mission impossible. Soit vous prenez une camionnette et vous avez l'air d'un artisan, soit vous vous entassez comme des sardines dans votre berline.
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Retour en France avec une idée révolutionnaire
De retour chez Matra, Guédon commence à bosser sur son projet fou. Et quand je dis fou, c'est parce qu'à l'époque, personne ne croit au concept. L'idée ? Créer un véhicule avec l'habitabilité d'un van mais les dimensions d'une voiture familiale européenne. Un truc modulable où vous pouvez retirer les sièges, créer un salon, transporter n'importe quoi.
Mars 1979, Philippe Guédon demande à Antoine Volanis, son designer, de lui faire un croquis. Le brief est simple : "Dessine-moi un van américain adapté à l'Europe." Volanis s'enferme le week-end et pond ce qui va devenir le fameux "dessin orange". Un simple croquis réalisé en quelques heures qui va révolutionner l'industrie automobile mondiale.
Moi, quand je vois ce dessin aujourd'hui, je me dis que parfois les meilleures idées naissent dans la simplicité. Pas besoin de comités, d'études de marché interminables, juste un homme, un crayon et une vision.
Le parcours du combattant : quand personne n'y croit
Mais avoir une bonne idée, c'est une chose. La faire accepter par l'industrie automobile française, c'en est une autre. Et là, mes amis, on touche au ridicule.
1982, Matra présente son projet révolutionnaire à PSA Peugeot-Citroën. La réponse ? Un magnifique "Ça ne marchera jamais". Voilà, merci, au revoir. Je vous jure, parfois je me demande ce qui se passe dans la tête de certains dirigeants d'entreprise. Ils avaient entre les mains l'invention du siècle et ils l'ont jetée à la poubelle.
Bon, Matra ne se décourage pas et va voir Citroën. Même résultat : refus catégorique. À ce moment-là, je pense que Guédon et son équipe ont dû se dire qu'ils étaient peut-être complètement à côté de la plaque.
Renault sauve la mise
Heureusement, il restait Renault. Et là, miracle ! En décembre 1982, Renault accepte le projet. Enfin quelqu'un qui a de la vision ! Bernard Hanon, le patron de Renault à l'époque, comprend immédiatement le potentiel du truc.
Et vous savez quoi ? Pendant que les Français galéraient à convaincre leurs constructeurs, les Américains bossaient sur la même idée. Chrysler sortait ses Dodge Caravan et Plymouth Voyager en novembre 1983, soit seulement 6 mois avant l'Espace français. Cette coïncidence prouve une chose : l'idée du monospace était vraiment dans l'air du temps.
Mais les Français avaient un avantage énorme : ils pensaient européen. Pas question de faire un monstre américain, non, il fallait du compact, de l'intelligent, du modulable. Et ça, mes amis, c'est typiquement français.
La naissance de l'Espace : révolution en cours
Avril 1984, présentation à la presse. Juillet 1984, commercialisation. Le Renault Espace débarque avec son slogan génial : "les voitures à vivre". Et là, attention, préparez-vous à avoir l'esprit soufflé par les chiffres.
L'Espace mesure 18 centimètres de moins qu'une R18 mais offre infiniment plus d'espace. Comment c'est possible ? Magie de l'architecture automobile ! En supprimant le coffre traditionnel, en optimisant chaque centimètre cube, Guédon et son équipe ont réussi l'impossible.
Et la modularité, alors ! Vous pouviez retirer les 5 sièges arrière en quelques minutes et transformer votre Espace en camionnette. Ou alors créer un salon mobile pour 4 personnes avec des sièges qui se tournent face à face. Révolutionnaire !
Moi, j'ai vu mes parents découvrir l'Espace à l'époque, et leur réaction était hallucinante. Enfin une voiture qui comprenait les familles françaises ! Fini de jouer à Tetris avec les bagages, fini les gosses qui se battent à l'arrière, fini les voyages cauchemardesque.
L'Espace était bien plus qu'une simple voiture nouvelle échelle 1/43. C'était un révélateur de l'évolution de la société française, notamment en cette décennie révolutionnaire qu'étaient les années 80.
D'ailleurs, vous savez quoi ? Cette Renault Espace, elle me rappelle pourquoi j'adore les automobiles de cette époque. Parce que tenir une Espace miniature au 1/43ème dans ses mains, c'est un peu comme retrouver toute cette révolution d'un coup.
C'est d'ailleurs pour ça que j'ai ouvert ma boutique BernardMiniatures.fr. J'ai plus de 1500 miniatures en stock, surtout du 1/43ème, et bien sûr quelques beaux modèles de ces monospaces révolutionnaires. Bon, je ne suis pas un gros site, alors souvent j'ai qu'une ou deux pièces de chaque modèle, mais c'est aussi ce qui fait le charme. J'ai du Renault bien sûr, mais aussi d'autres marques de cette période dorée de l'automobile française.
La livraison est gratuite à partir de 75€ en France, et je fais attention à bien emballer tout ça avec du papier bulle parce que ces petites voitures, ça se brise facilement.
Allez faire un tour sur bernardminiatures.fr si ça vous dit - et vous verrez, j'ai quelques Espace miniatures qui valent vraiment le détour.
Maintenant, parlons un peu plus des débuts chaotiques de cette révolutionnaire...
Un démarrage catastrophique qui fait froid dans le dos
Alors là, accrochez-vous bien parce que l'Espace a failli être un flop monumental. Premier mois de commercialisation, juin 1984 : Renault reçoit exactement 9 commandes. NEUF ! Alors qu'ils espéraient vendre 54 000 véhicules la première année.
J'imagine la tête des dirigeants de Renault. "Bon, bah on s'est plantés, les mecs de Peugeot avaient raison." Heureusement, ils ont eu la patience d'attendre. Parce qu'une fois que les premiers Espace ont commencé à circuler sur les routes, le bouche-à-oreille a fait son effet.
Et là, ça a explosé ! L'Espace s'est écoulé à plusieurs millions d'exemplaires et a régné sans partage en Europe jusqu'en 1989. Imaginez un peu : créer un segment automobile de zéro et le dominer pendant 5 ans, c'est du jamais vu !
L'usine de Romorantin : le berceau de la révolution
Bon, maintenant je vais vous parler d'un endroit magique : l'usine Matra de Romorantin-Lanthenay. C'est là que naissaient les Espace, dans cette petite ville du Loir-et-Cher qui est devenue, sans le savoir, le berceau de la révolution monospace.
Au début, ils produisaient 23 Espace par jour. 23 ! Artisanal total. Mais très vite, la demande a explosé et ils sont passés à plus de 210 voitures par jour. Ils ont même dû ouvrir une deuxième ligne de production à l'usine Alpine de Dieppe en juin 1987.
Moi, j'ai toujours été fasciné par ces usines où naissent les légendes automobiles. Romorantin, c'était un peu le temple du monospace français. Pendant 18 ans, de 1984 à 2002, toutes les Espace sont sorties de là. Trois générations complètes fabriquées dans cette petite ville française.
L'Espace F1 : quand le monospace devient une bête de course
Et là, mes amis, on arrive à la plus belle anecdote de toute cette histoire. En 1994, pour célébrer les 10 ans de l'Espace, Renault et Matra ont créé un monstre absolu : l'Espace F1.
Imaginez un monospace familial équipé du moteur V10 de Formule 1 de Williams-Renault. 800 chevaux sous le capot d'un Espace ! Ce truc passait de 0 à 100 km/h en 2,8 secondes - plus rapide que la McLaren F1 de l'époque ! Et il dépassait les 300 km/h.
Alain Prost lui-même l'a piloté sur les circuits européens. Un monospace piloté par un quadruple champion du monde de F1, vous vous rendez compte de l'absurdité géniale du truc ? Moi, ça me fait toujours sourire d'imaginer la tête des spectateurs qui voyaient débarquer cet Espace de course sur les circuits.
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Philippe Guédon : le génie méconnu qui a inventé un mot français
Bon, il faut qu'on parle sérieusement de Philippe Guédon, parce que ce type est un héros méconnu de l'automobile française. Ce mec a non seulement créé l'Espace, mais il a aussi ajouté le mot "monospace" à la langue française. Et ça, mes amis, c'est du niveau Le Corbusier !
D'ailleurs, c'est pas un hasard si je compare les deux. Guédon était passionné d'architecture et disciple de Le Corbusier. Il comparait la création d'une voiture au "sentiment de plénitude qu'a une femme lorsqu'elle donne la vie". Poétique, non ?
Ce qui me fascinait chez Guédon, c'est qu'il ne pensait pas comme un ingénieur automobile classique. Il pensait espace, volume, fonction. Pour lui, une voiture devait être un lieu de vie, pas juste un moyen de transport. Et ça, c'était révolutionnaire en 1979.
Mais le plus tragique, c'est que malgré son impact majeur sur l'automobile mondiale, il reste largement inconnu du grand public. Combien de gens savent que le concept du monospace est né dans la tête d'un ingénieur français amoureux d'architecture ?
La fin d'une époque : quand Renault reprend tout
L'histoire se termine tristement. En 2002, Renault reprend la production de l'Espace, mettant fin à l'aventure Matra. L'usine de Romorantin ferme définitivement en février 2003, laissant plus de 2000 salariés sur le carreau.
La cause ? L'échec commercial de l'Avantime, ce coupé-monospace avant-gardiste qui était peut-être trop en avance sur son temps. Fin de l'époque héroïque du monospace français.
Mais bon, l'héritage est là. Le nom "Espace" est devenu emblématique, pratiquement un terme générique pour désigner les monospaces. Philippe Guédon a créé un segment automobile qui a été copié par tous les constructeurs du monde sans jamais être vraiment égalé.
L'héritage éternel : quand la France invente l'avenir
Aujourd'hui, quand je vois tous ces SUV qui envahissent nos routes, je me dis qu'on a perdu quelque chose d'essentiel. L'Espace, c'était l'intelligence automobile française. Compact à l'extérieur, spacieux à l'intérieur, modulable à souhait. Pas besoin de faire du gros et du lourd pour être pratique.
Moi, j'ai grandi dans cette époque où les ingénieurs français révolutionnaient l'automobile mondiale. L'Espace, c'était notre fierté. Une invention 100% française qui a fait trembler Detroit et inspiré le monde entier.
Et vous savez quoi ? Cette révolution des monospaces, elle continue de m'émouvoir aujourd'hui. Parce que c'est l'histoire d'hommes visionnaires qui ont osé penser différemment, qui ont mis la famille au cœur de l'automobile.
Philippe Guédon nous a quitté en 2021, mais son héritage est éternel. Chaque fois qu'une famille voyage confortablement dans un monospace, c'est un peu de son génie qui continue de vivre.
Alors la prochaine fois que vous croiserez un Espace sur la route, pensez à cette belle histoire française. Pensez à ce week-end de mars 1979 où un designer a dessiné l'avenir de l'automobile familiale. Pensez à Philippe Guédon qui a révolutionné notre façon de concevoir l'espace automobile.
Parce que oui, les monospaces, c'est l'invention française qui a révolutionné la famille. Et ça, mes amis, c'est notre fierté automobile !














