Imaginez un instant : on est en 1962, les PTT viennent de prendre une décision qui va marquer l'histoire de France pour les décennies à venir. Du jour au lendemain, toutes ces petites 2CV grises et vertes qui sillonnaient nos campagnes depuis dix ans vont devoir changer de couleur. Direction l'atelier pour un relooking complet : elles ressortent toutes jaunes comme des canaris.
Et moi, chaque fois que je croise une de ces petites 2CV jaunes dans la rue, je me dis qu'il y a quelque chose de magique dans cette couleur. Parce que derrière ce jaune si particulier, il y a une histoire incroyable qui remonte à l'Empire austro-hongrois, passe par deux guerres mondiales, et nous emmène jusqu'aux tournées de nos facteurs d'aujourd'hui.
Mais avant de plonger dans cette aventure, laissez-moi vous dire un truc : cette histoire, elle commence par une désobéissance. Sans un ingénieur qui a refusé d'obéir aux ordres, la 2CV n'aurait peut-être jamais existé. Et sans la 2CV, bah nos facteurs auraient eu des tournées beaucoup plus compliquées dans les années 50.
Les origines secrètes d'un jaune qui traverse les siècles
Pour comprendre pourquoi nos facteurs roulent dans des véhicules jaunes, il faut remonter très très loin dans le temps. Je vous emmène en 1490, à l'époque où la famille Tassis - qui deviendra plus tard Thurn und Taxis - organise le service postal pour l'Empire. Et devinez quelles couleurs ils choisissent ? Le noir et le jaune, les couleurs du pouvoir impérial.
C'est dingue quand on y pense : nos facteurs d'aujourd'hui héritent d'une tradition vieille de plus de 500 ans ! Au fil du temps, le noir s'estompe, mais le jaune, lui, il reste. Il traverse les siècles comme un petit soleil qui refuse de s'éteindre.
Bon, vous allez me dire "c'est bien joli cette histoire d'Empire, mais en France on fait quoi ?" Bah justement, la France va mettre du temps à adopter cette couleur. Très longtemps même.
La révolution française du 15 mai 1962
Pendant des décennies, les véhicules des PTT français, c'était un peu le festival des couleurs ternes. Gris par-ci, vert wagon par-là, et même du bleu foncé pour les boîtes aux lettres. Le problème ? Par mauvais temps, on ne voyait rien du tout. Les facteurs se faisaient percuter, les boîtes aux lettres passaient inaperçues, c'était un vrai souci de sécurité.
Alors le 15 mai 1962, paf ! Décision officielle : tous les véhicules postaux français passent au jaune. Mais pas n'importe quel jaune, attention. Le jaune "AC311", créé spécialement par Citroën. Un jaune qui claque, qui se voit de loin, qui protège nos facteurs.
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Et là, je me dis que c'est exactement ça qui me passionne dans l'automobile ancienne : ces détails qui racontent toute une époque. Cette couleur, elle n'est pas là par hasard, elle a une mission, une histoire, une âme.
Pierre-Jules Boulanger : l'homme qui révolutionna la France rurale
Mais revenons à l'histoire de la 2CV, parce que sans elle, nos facteurs seraient peut-être encore à vélo ! Et cette histoire, elle a un héros : Pierre-Jules Boulanger. Né le 18 mars 1885, ce type était tout sauf banal.
Imaginez : pilote d'avion pendant la Première Guerre mondiale - à une époque où voler, c'était encore jouer avec sa vie à chaque décollage - puis PDG de Citroën en 1937. Et surtout, visionnaire absolu. Son obsession ? Créer une voiture que tout le monde pourrait s'offrir, même le fermier le plus modeste de nos campagnes.
Je vous jure, quand je lis le cahier des charges qu'il avait donné à ses ingénieurs, ça me fait sourire : "Je veux une voiture pouvant transporter deux cultivateurs en sabots, 50 kg de pommes de terre ou un tonnelet, à 60 km/h maximum, consommant 3 litres aux 100 km." Et le détail qui tue : "Elle doit pouvoir rouler dans un champ labouré avec un panier d'œufs sans en casser un seul."
André Citroën, le génie incompris
Mais avant Boulanger, il y avait déjà eu un visionnaire chez Citroën : André-Gustave Citroën lui-même. Polytechnicien, ingénieur de génie, ce type avait révolutionné l'industrie automobile française dès 1919. Au début des années 1930, Citroën était le quatrième plus grand constructeur mondial ! Pas mal pour une marque française, non ?
André Citroën, c'était un peu l'Elon Musk de son époque : des idées révolutionnaires, des coups de comm' fous - il avait même fait installer son nom en lettres lumineuses sur la Tour Eiffel ! Mais comme souvent avec les génies, il est mort trop tôt en 1935 pour voir naître la 2CV.
1952 : La révolution des tournées rurales
Et puis arrive 1952. L'année où tout bascule pour nos facteurs. Jusqu'alors, depuis 1830, les 5000 facteurs ruraux français faisaient leurs tournées à pied ou à vélo. Vous imaginez ? Par tous les temps, sur tous les chemins, avec le courrier sur le dos.
C'est là que débarque la 2CV fourgonnette AZU. La petite révolution sur quatre roues qui va changer la vie de nos campagnes. Fini les tournées à vélo sous la pluie, fini les sacs de courrier qui pèsent une tonne. Maintenant, le facteur a son petit bureau mobile, sa protection contre les intempéries, et surtout, il peut porter beaucoup plus de courrier.
Moi, je trouve ça beau cette démocratisation. La 2CV, c'était pas juste une voiture, c'était un outil de progrès social. Elle permettait à nos campagnes de rester connectées, de recevoir leurs lettres plus rapidement, de ne pas être oubliées par la modernité.
D'ailleurs, j'ai une passion pour les voitures de cette époque - de 1950 à 1999 - parce qu'elles racontent toutes des histoires comme celle-là. Des histoires de gens ordinaires qui ont changé le quotidien de millions de Français. C'est exactement ce que je partage sur mon site bernardminiatures.fr : ces miniatures au 1/43ème qui capturent l'âme de ces véhicules d'époque.
Je suis pas un gros site, alors souvent j'ai qu'une ou deux pièces de chaque modèle en stock, mais c'est aussi ce qui fait le charme. J'ai des 2CV bien sûr, mais aussi des Renault 4L, des Citroën HY, des Peugeot 403... un peu tous les véhicules qui ont marqué cette époque. La livraison est gratuite à partir de 75€ en France, et je fais attention à bien emballer parce que ces petites merveilles, ça se respecte.
Allez faire un tour sur bernardminiatures.fr si ça vous dit, vous verrez que j'ai quelques pépites qui valent vraiment le détour.
Maintenant, revenons à nos 2CV postales, parce que leur histoire devient encore plus croustillante.
Le mystère du levier de marche arrière
Alors là, j'ai une anecdote qui me laisse perplexe depuis des années. Les 2CV des PTT avaient un petit levier spécial qui permettait de verrouiller la marche arrière. Vous m'entendez bien : nos facteurs ne pouvaient plus faire de marche arrière sans déverrouiller ce mécanisme !
Mais le truc dingue, c'est que personne ne sait vraiment pourquoi. Les archives sont muettes là-dessus. Était-ce pour éviter que les facteurs fassent demi-tour trop facilement ? Pour empêcher les vols ? Pour une question d'assurance ? Le mystère reste entier.
Moi, j'ai ma petite théorie : peut-être que l'administration voulait s'assurer que ses facteurs finissent bien leurs tournées au lieu de faire demi-tour au premier obstacle. Mais bon, c'est juste une supposition de ma part.
L'héroïque désobéissance d'Henri Loridont
Mais attendez, parce que l'histoire la plus dingue, c'est celle qui a failli nous priver de 2CV pour toujours. On est en 1940, les Allemands arrivent. Pierre-Jules Boulanger, dans un élan patriotique, ordonne la destruction de tous les prototypes 2CV. Environ 250 exemplaires qui représentent des années de recherche et développement.
L'idée ? Empêcher que les Allemands mettent la main sur ces innovations françaises. Sauf qu'un ingénieur, Henri Loridont, refuse d'obéir. Il démonte secrètement un prototype, le range dans des caisses, et le planque.
Je vous jure, sans cette désobéissance, il n'y aurait peut-être jamais eu de 2CV ! Pas de Deudeuche, pas de révolution automobile populaire, et certainement pas nos petites 2CV jaunes des PTT. Parfois, heureusement qu'il y a des gens qui n'obéissent pas aux ordres.
La malédiction de la Traction Avant
Et puis il y a cette tragique ironie qui me donne des frissons à chaque fois que j'y pense. Pierre Michelin, tué en 1937 au volant d'une Traction Avant. Pierre-Jules Boulanger, mort dans un accident de Traction Avant le 11 novembre 1950. Le même modèle de voiture qui emporte deux géants de l'automobile française.
Imaginez l'état d'André Lefèbvre, l'ingénieur concepteur de ces voitures. Voir ses créations emporter ceux qu'il admirait... ça a dû le hanter toute sa vie.
L'évolution du parc automobile postal
Mais les PTT, ça n'a jamais été que de la 2CV. Oh non, il y a eu toute une épopée automobile ! Des Renault 4L qui ont pris la relève, des Citroën HY pour les gros colis, des Peugeot 403, des Simca Aronde, des Panhard...
Et plus tard, dans les années 80-90, des Citroën Saxo, des Peugeot 106, des Renault Clio. Chaque époque avait ses modèles, mais toujours cette constante : la couleur jaune qui traverse le temps.
Moi, j'aime bien imaginer nos routes françaises à travers les décennies. Dans les années 50, ces petites 2CV jaunes qui cahotent sur les chemins de terre. Dans les années 70, les Renault 4L qui grimpent les côtes en première. Dans les années 90, les petites citadines qui slaloment entre les voitures de plus en plus nombreuses.
Les belges et leurs 2CV de luxe
Tiens, et puis il y a cette anecdote belge qui me fait sourire. En 1957, la poste belge commande ses 2CV camionnettes dans des versions "luxe" baptisées 2CV AZUL. Produites uniquement en Belgique, avec une finition particulièrement soignée.
Donc pendant que nos facteurs français se contentaient de leurs 2CV basiques, leurs collègues belges roulaient dans des versions haut de gamme ! Même l'austère 2CV pouvait avoir ses variantes premium. Qui l'eût cru ?
1991 : La fin d'une époque
Et puis arrive 1991. L'administration des PTT, créée officiellement en 1925, vit ses derniers instants. Elle se divise en deux entités : La Poste et France Télécom. C'est la fin d'une époque, la fin de ces PTT qui avaient accompagné la modernisation de la France pendant près de 70 ans.
Moi, ça me rend un peu nostalgique. Ces PTT, c'était une institution française, un symbole de service public, de proximité. Ces petites 2CV jaunes, c'était nos campagnes qui restaient connectées au monde.
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Aujourd'hui, quand je vois passer un véhicule de La Poste - toujours jaune, fidèle à la tradition - je me dis que cette couleur porte en elle cinq siècles d'histoire. De l'Empire austro-hongrois aux tournées de nos facteurs modernes, en passant par les petites 2CV qui ont révolutionné nos campagnes.
L'héritage éternel du jaune postal
Cette histoire, elle me touche particulièrement parce qu'elle montre comment l'automobile peut transformer une société. La 2CV des PTT, c'était pas juste un véhicule de livraison, c'était un outil de cohésion sociale. Elle permettait à nos campagnes de ne pas être oubliées, de rester dans le mouvement du progrès.
Et ce jaune, cette couleur si particulière, elle continue aujourd'hui de nous rappeler que derrière chaque choix technique, il y a une histoire humaine. Une histoire de visionnaires comme André Citroën et Pierre-Jules Boulanger, d'ingénieurs désobéissants comme Henri Loridont, de milliers de facteurs anonymes qui ont sillonné nos routes.
Alors la prochaine fois que vous croiserez une 2CV jaune - qu'elle soit d'époque ou en miniature - souvenez-vous de cette épopée. Souvenez-vous que cette petite voiture a participé à écrire l'histoire de France, une lettre distribuée à la fois.
Parce que finalement, c'est ça la magie de l'automobile ancienne : chaque véhicule raconte une époque, chaque couleur a son histoire, et chaque route parcourue participe à construire notre mémoire collective.
















