1980, une petite usine de Vichy. Un homme regarde son empire automobile s'effondrer. Ses voitures de sport, pourtant magnifiques, ne se vendent plus à cause du choc pétrolier. Ses F1 brillent sur les circuits mais ne rapportent rien. Cet homme, c'est Guy Ligier, et il vient de prendre la décision la plus folle de sa carrière : abandonner le prestige pour se lancer dans... les voitures sans permis.
Vous voyez cette petite Ligier qui klaxonne derrière vous sur la route départementale ? Elle porte l'héritage de l'une des plus grandes écuries françaises de Formule 1. Aujourd'hui, je vous raconte l'histoire hallucinante d'un homme qui a révolutionné deux mondes complètement opposés : les circuits de F1 et nos routes de campagne.
Pour comprendre cette histoire dingue, il faut d'abord que je vous parle de Guy Ligier lui-même. Parce que franchement, ce mec-là avait plusieurs vies en une seule. Né en 1930, orphelin à 7 ans, il commence comme aide-boucher à Vichy. Vous imaginez ? Le futur patron d'une écurie de F1 qui découpe de la viande dans un petit commerce de l'Allier.
Mais Guy, dès le départ, c'est pas un gars normal. En 1947, il devient champion de France d'aviron. Puis en 1959-1960, champion de France de moto en 500cc. Et entre-temps ? Il monte sa boîte de travaux publics, "Ligier Travaux Publics", qui va employer jusqu'à 1200 personnes et 500 machines. Le gars profite du boom de la construction d'autoroutes en France et se fait un paquet de fric.
Vous voyez le genre ? Un entrepreneur qui n'a peur de rien et qui a les moyens de ses ambitions. Mais ce qui va vraiment changer sa vie, c'est sa rencontre avec Jo Schlesser.
Jo Schlesser, c'est le pote de Guy, son associé dans leurs premières aventures automobiles. Ensemble, ils rêvent de faire des voitures de sport françaises qui tiennent la route face aux Italiennes et aux Anglaises. Sauf que le 7 juillet 1968, tout bascule.
Ce jour-là, Jo pilote une Honda RA302 expérimentale au Grand Prix de France à Rouen. Cette voiture est jugée dangereuse par tous les spécialistes, mais Honda insiste pour la faire rouler. Au troisième tour, la voiture prend feu. Jo Schlesser meurt dans l'accident.
Guy Ligier est anéanti. Il arrête immédiatement sa carrière de pilote et prend une décision qui va marquer toute l'histoire de ses voitures : toutes ses créations porteront le préfixe "JS" en hommage à Jo Schlesser. Toutes. Des GT sportives jusqu'aux petites voitures sans permis d'aujourd'hui comme la JS50.
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L'aventure des voitures de sport
1970, Guy Ligier se lance dans la construction automobile avec la JS1, une voiture de sport qui va faire sensation. Mais c'est avec la JS2 que ça devient vraiment intéressant... et complètement fou.
Imaginez un peu : Guy veut équiper sa JS2 d'un moteur Ford V6. Tout est négocié, les accords sont presque signés, et puis... Ford fait volte-face au dernier moment ! Pourquoi ? Parce qu'ils ont peur que la JS2 concurrence leur propre GT70. Alors qu'au final, leur GT70 ne sortira jamais !
Guy se retrouve le bec dans l'eau, mais c'est un battant. Il se tourne vers Citroën qui accepte de lui fournir des moteurs Maserati. Et là, c'est l'ironie du sort qui frappe : quand Citroën fait faillite et que Maserati change de propriétaire, c'est Ligier qui récupère le contrat pour fabriquer les dernières Citroën SM dans ses propres ateliers en 1974-1975 !
Vous voyez le niveau ? Le gars qui s'était fait claquer la porte au nez par tout le monde finit par sauver la production des autres. Mais Guy a des ambitions plus hautes : la Formule 1.
L'entrée en F1 : 1976, l'année de tous les défis
1976, Guy Ligier débarque en Formule 1 avec ses voitures bleues. Et dès la première année, ça cartonne. Enfin, "cartonne"... ça dépend comment vous voyez les choses. Jacques Laffite, son pilote phare, commence à grappiller des points.
Mais c'est en 1977 que l'exploit arrive : Laffite gagne le Grand Prix de Suède avec une Ligier JS7 équipée d'un moteur Matra V12. Vous réalisez ? Pilote français, voiture française, moteur français ! Dans le monde ultra-internationalisé de la F1, c'est un truc de malade.
Et entre 1979 et 1981, c'est l'âge d'or de Ligier. Jacques Laffite enchaîne les victoires : Argentine et Brésil en 1979, Allemagne en 1980, Autriche et Canada en 1981. Au total, l'écurie Ligier va remporter 9 victoires en F1. Pas mal pour un ancien boucher de Vichy, non ?
Mais pendant que Guy fait vroum-vroum sur les circuits, le monde change autour de lui. 1973, premier choc pétrolier. Les gens n'ont plus envie de voitures de sport qui consomment comme des trous. Ses JS2 ne se vendent plus.
La révolution des voitures sans permis
1980. Guy Ligier a un éclair de génie... ou de folie totale. Il regarde le marché automobile et se dit : "Et si je faisais des voitures pour ceux qui n'ont pas le permis ?"
À l'époque, les voitures sans permis, c'est de la rien du tout. Des espèces de carrioles bancales qui ressemblent plus à des tondeuses à gazon qu'à de vraies voitures. Guy va révolutionner tout ça avec la JS4.
La JS4, c'est le premier vrai design automobile appliqué à une voiture sans permis. Deux places, carrosserie en plastique léger, moteur de 49 cm³ limité à 45 km/h. Ça paraît ridicule dit comme ça, mais c'est génial.
Attendez, je vais vous raconter à quel point Guy était en avance sur son temps. Dans les années 1990, devinez quoi ? L'un des premiers prototypes expérimentaux de stationnement automatique au monde a été développé sur une voiture électrique Ligier à l'INRIA ! Ligier précurseur de la conduite autonome, bien avant Tesla !
Mais revenons à 1980. La JS4 sort et c'est un carton. Enfin, pas immédiatement. Au début, les gens ne comprennent pas trop l'intérêt. Mais petit à petit, ça prend.
Et là, vous savez ce qui arrive quand une idée révolutionnaire rencontre la bureaucratie française ? L'État s'en mêle. Le 25 juin 1986, un décret officialise la limitation à 45 km/h pour les voitures sans permis. Un an après, 9000 véhicules de ce type circulent déjà en France !
Guy Ligier venait de créer un marché totalement nouveau. Pas mal pour un mec qui faisait de la F1, non ?
Et vous savez quoi ? C'est là que Bernard miniatures prend tout son sens. Parce que ces voitures Ligier, des JS2 sportives aux premières voitures sans permis, elles ont marqué l'histoire automobile française des années 70-80. Sur bernardminiatures.fr, j'ai justement quelques pépites de cette époque - des Ligier miniatures au 1/43ème qui racontent cette incroyable transition entre sport automobile et mobilité populaire.
La livraison est gratuite à partir de 75€ en France, et comme je suis revendeur et pas grossiste, chaque pièce est unique - généralement une ou deux par modèle maximum. Allez faire un tour, vous verrez que l'histoire de Ligier, c'est aussi celle de toute une époque de l'automobile française.
Bon, mais cette histoire n'est pas finie...
Philippe Ligier et l'expansion
Au début des années 80, Philippe Ligier, le fils de Guy, reprend le flambeau. Et lui, il a une vision : "la Ligier pour tous". Fini l'élitisme des voitures de sport, place à la mobilité accessible.
Philippe comprend qu'il y a deux marchés énormes : les jeunes qui n'ont pas encore le permis, et les personnes âgées qui ne veulent pas renoncer à leur indépendance. Génial !
Le concept marche tellement bien que d'autres constructeurs s'y mettent. En 2008, Ligier fusionne avec Microcar pour créer le Ligier Group. D'un côté, l'expérience sportive de Ligier, de l'autre, les 30 ans d'expérience technologique de Microcar. Le mariage parfait.
Et en 2023, Ligier lance sa première voiture sans permis électrique, la Myli. Vous vous rendez compte ? Du moteur Matra V12 qui hurlait sur les circuits de F1 à la petite voiture électrique silencieuse... Guy Ligier n'aurait jamais imaginé ça !
L'héritage d'un visionnaire
Guy Ligier meurt en 2015, à 85 ans. Mais qu'est-ce qu'il a laissé derrière lui ! D'un côté, l'héritage sportif avec 9 victoires en F1 et des pilotes comme Jacques Laffite qui ont marqué l'histoire. De l'autre, un marché qu'il a créé de toutes pièces : celui de la voiture sans permis moderne.
Aujourd'hui, quand vous voyez une Ligier JS50 dépasser péniblement un tracteur sur une route de campagne, dites-vous que cette petite voiture porte l'ADN d'une écurie de F1. Elle porte surtout le préfixe "JS" en hommage à Jo Schlesser, mort il y a plus de 50 ans sur un circuit.
Et c'est ça qui est beau dans cette histoire. Guy Ligier n'a jamais oublié d'où il venait ni pourquoi il faisait ça. De l'aide-boucher de Vichy au patron d'écurie F1, en passant par l'inventeur de la voiture sans permis moderne, il a toujours gardé cette simplicité, cette proximité avec les gens ordinaires.
C'est peut-être ça, le vrai génie de Guy Ligier : avoir compris que l'automobile, c'est pas juste une question de prestige ou de performance. C'est avant tout une question de liberté. La liberté de rouler à 300 km/h sur un circuit de F1, ou la liberté de faire ses courses en voiture sans permis à 45 km/h.
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Alors la prochaine fois que vous croiserez une petite Ligier sur la route, vous saurez que vous croisez un petit bout d'histoire automobile française. Une histoire qui commence dans un garage de Vichy et qui continue encore aujourd'hui, quelque part entre tradition et innovation.
Et moi, quand je vois passer ces petites voitures, je repense toujours à Guy Ligier et à son pari fou : faire du prestige avec de la simplicité, et de la simplicité avec du prestige. Finalement, c'est peut-être ça, l'art de l'automobile à la française.














