11 janvier 1955. Milan. Dans les bureaux de l'ancien constructeur de vélos Bianchi, un homme s'apprête à signer l'acte de naissance de ce qui deviendra l'une des marques automobiles les plus fascinantes d'Italie. Cet homme, c'est Ferruccio Quintavalle, et il vient de convaincre deux géants - Fiat et Pirelli - de s'associer pour créer quelque chose d'absolument révolutionnaire : une marque laboratoire où on teste tout ce qui ne marche pas encore.
Sauf qu'au lieu de foirer lamentablement comme on pourrait s'y attendre, cette petite marque va inventer l'architecture automobile moderne que vous avez tous dans vos voitures aujourd'hui. Autobianchi, c'est l'histoire de la marque qui expérimentait pour que Fiat puisse après récupérer ce qui marchait.
Alors d'abord, qui était ce Ferruccio Quintavalle qui a eu le culot de proposer un truc pareil ? Le mec, c'est pas juste un businessman quelconque. C'est un ancien champion de tennis italien - six titres nationaux en double s'il vous plaît - qui a même mené l'équipe d'Italie en finale inter-zonale de Coupe Davis en 1949. Donc on parle d'un sportif de haut niveau qui dirigeait une entreprise de vélos et qui s'est dit un beau jour : "Tiens, et si on faisait des voitures maintenant ?"
Mais Quintavalle, il était pas fou. Il savait très bien que Bianchi avait pas les moyens de se lancer seul dans l'automobile. Alors il va voir les deux plus gros du secteur en Italie : Fiat et Pirelli. Et là, il leur sort un plan génial : "On fait une société à trois, 33% chacun, et on expérimente tout ce que vous osez pas faire sous vos propres marques."
Et vous savez quoi ? Ça marche. Le 11 janvier 1955, Autobianchi voit le jour. Une marque qui va servir de laboratoire d'expérimentation pour Fiat pendant quarante ans.
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Le laboratoire de l'innovation automobile
Alors concrètement, comment ça fonctionnait cette histoire de laboratoire ? C'est assez dingue en fait. Fiat avait des idées, des technologies qu'ils voulaient tester, mais ils osaient pas les sortir directement sous leur propre marque. Trop risqué pour l'image. Alors ils les testaient d'abord chez Autobianchi.
Carrosseries en fibre de verre, traction avant, moteur transversal... Tout ce qui semblait révolutionnaire à l'époque passait d'abord par le filtre Autobianchi. Si ça marchait, Fiat récupérait. Si ça foirait, bah c'était juste "une expérience Autobianchi qui a pas fonctionné".
Et derrière tout ça, il y avait Dante Giacosa, le directeur technique de Fiat. Ce mec, c'était le génie absolu de l'automobile italienne. Surnommé "deus ex machina", il va utiliser Autobianchi pour révolutionner complètement l'industrie automobile mondiale. Rien que ça.
Je vous donne un exemple concret : la première voiture italienne en fibre de verre, c'est l'Autobianchi Stellina de 1963. 502 exemplaires seulement, mais ça a permis à Fiat de maîtriser cette technologie avant de l'appliquer à grande échelle. Malin, non ?
La révolution de la traction avant
Mais le coup de génie absolu de Giacosa, c'est la Primula en 1964. Cette petite voiture va changer l'histoire de l'automobile, et j'exagère même pas.
À l'époque, toutes les voitures ou presque avaient leur moteur à l'avant et leurs roues motrices à l'arrière. Giacosa, lui, il avait une idée folle : mettre le moteur à l'avant, mais en travers, et faire entraîner les roues avant. Le problème, c'est que personne savait si ça allait marcher.
Alors devine sur quelle marque ils ont testé ça ? Autobianchi, évidemment. La Primula devient la première tentative de Fiat avec la traction avant et le moteur transversal. Et vous savez quoi ? Cette configuration que Giacosa a inventée, c'est devenue universelle. Littéralement toutes les voitures modernes ou presque utilisent ce principe aujourd'hui.
Votre Clio, votre Golf, votre Corsa... Toutes ont l'architecture inventée par Dante Giacosa et testée sur une Autobianchi en 1964. Pas mal pour une "marque laboratoire", non ?
Je retrouve d'ailleurs quelques Autobianchi dans ma boutique de temps en temps. Les collectionneurs commencent à comprendre l'importance historique de ces voitures. D'ailleurs, j'ai eu récemment une superbe Bianchina qui m'a rappelé pourquoi j'adore tant l'automobile italienne de cette époque.
C'est pour ça que j'ai ouvert BernardMiniatures.fr. Plus de 1500 miniatures en stock, principalement du 1/43ème, avec pas mal d'italiennes justement. Autobianchi, Fiat, Lancia, Alfa Romeo... J'ai un faible pour ces marques qui ont révolutionné l'automobile. Bon, je suis revendeur, donc souvent j'ai qu'une ou deux pièces de chaque modèle, mais c'est aussi ça le charme de la chasse au trésor.
La livraison est gratuite à partir de 75€ en France, et je fais attention à bien tout emballer parce que ces petites merveilles, ça casse facilement. Allez jeter un œil sur bernardminiatures.fr si ça vous dit, vous pourriez être surpris de ce qu'on y trouve.
Maintenant, revenons à nos moutons automobiles...
L'A112 : L'arme anti-Mini
En 1969, Autobianchi sort son chef-d'œuvre : l'A112. Et là, c'est plus de l'expérimentation, c'est du business sérieux. L'idée, c'est de concurrencer la Mini britannique avec quelque chose de typiquement italien : plus chic, plus raffinée, plus... comment dire... avec plus de classe.
Et ça marche du tonnerre. Plus d'1,25 million d'exemplaires vendus en 17 ans de carrière ! Pour une "petite" marque, c'est énorme. L'A112, elle était positionnée au-dessus des Fiat équivalentes, avec des finitions meilleures et un design plus sophistiqué.
Mais alors, anecdote croustillante : l'A112 Abarth, la version sportive, elle avait un succès fou... auprès de la mafia italienne. Si si, je déconne pas. Les mafieux adoraient cette petite voiture parce qu'elle était rapide, maniable, et surtout... facile à blinder.
Il existe encore aujourd'hui sur le marché de la collection une A112 Abarth blindée niveau B6 qui appartenait à un boss de la Camorra napolitaine. Vitres blindées électriques, portes renforcées... Le truc complet quoi. Imaginez le vendeur qui présente ça : "Alors, cette petite A112, elle a eu qu'un seul propriétaire, un monsieur très discret de Naples..."
Le chic urbain à l'italienne
Parce que c'était ça, le positionnement d'Autobianchi : le chic urbain italien. Les voitures étaient systématiquement vendues plus cher que les Fiat équivalentes, mais elles visaient une clientèle bourgeoise qui cherchait quelque chose de différent.
Et ça marchait ! Les Autobianchi, c'était pour ceux qui voulaient une voiture italienne mais pas trop commune. Pas une Fiat que tout le monde avait, mais pas non plus une Ferrari qu'ils pouvaient pas se payer.
D'ailleurs, l'usine de Desio, près de Milan, c'était un truc de fou pour l'époque. Équipements ultra-modernes, système de peinture entièrement automatisé qui permettait de sortir 200 voitures par jour. Une usine "expérimentale" qui a survécu 37 ans, de 1955 à 1992. Plus longtemps que beaucoup d'usines Fiat traditionnelles !
L'intégration dans l'empire Fiat
Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin. En 1968, Fiat rachète complètement Autobianchi. Plus de partenariat à trois, plus d'indépendance. Autobianchi devient une filiale à 100% de Fiat.
Puis en 1969, nouvelle réorganisation : Autobianchi passe sous le contrôle de Lancia, que Fiat venait d'acquérir. L'idée, c'était de créer une gamme cohérente : Fiat pour le grand public, Autobianchi pour le haut de gamme accessible, et Lancia pour le luxe.
Ça marche pendant un moment, mais progressivement, Autobianchi perd sa raison d'être. Fiat maîtrise maintenant toutes les technologies qui étaient expérimentées chez Autobianchi. Plus besoin de laboratoire.
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La fin arrive doucement. La production s'arrête en 1992 à Desio avec la fin de l'Y10. En 1995, elle est remplacée par la Lancia Y. Autobianchi disparaît après 40 ans d'existence.
L'héritage révolutionnaire
Alors, qu'est-ce qui reste d'Autobianchi aujourd'hui ? Déjà, littéralement toutes vos voitures. Cette architecture de traction avant avec moteur transversal inventée par Giacosa et testée sur la Primula, c'est devenu le standard mondial.
Regardez votre voiture dans la rue. Il y a 99% de chances qu'elle utilise le principe inventé par une petite marque italienne "expérimentale" dans les années 60. C'est dingue quand on y pense.
Et puis il y a l'héritage plus subtil : l'idée même de la marque laboratoire. Aujourd'hui, tous les grands groupes automobiles ont des marques pour expérimenter. Tesla pour l'électrique, DS pour les technologies premium chez Stellantis...
Autobianchi a inventé ce concept. Une marque pour tester, pour innover, pour prendre des risques sans mettre en danger l'image de la marque principale.
Je me dis souvent qu'on aurait bien besoin d'une nouvelle Autobianchi aujourd'hui. Avec toutes les révolutions qui arrivent - électrique, hydrogène, conduite autonome - ça serait pas mal d'avoir une marque pour expérimenter tout ça sans que ça pète à la gueule des constructeurs.
Mais bon, ça c'est une autre histoire. Ce qui compte, c'est que cette petite marque italienne née d'un partenariat entre un fabricant de vélos, un géant de l'automobile et un spécialiste des pneus a révolutionné l'industrie automobile mondiale.
Pas mal pour une "expérience", non ? Et dire que tout ça a commencé par un ancien champion de tennis qui s'est dit qu'il serait pas mal de faire des voitures...
Autobianchi, c'est la preuve que parfois, les meilleures innovations viennent de ceux qui osent expérimenter. Et ça, c'est une leçon qui dépasse largement l'automobile.














