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La Sale Histoire de la Corvair qui a humilié General Motors

Novembre 1965, Detroit. Dans les bureaux feutrés de General Motors, l'un des plus puissants empires industriels au monde, quelqu'un vient de lâcher une bombe. Un jeune avocat inconnu du grand public, Ralph Nader, vient de publier un livre qui va faire trembler les fondations de l'industrie automobile américaine. Le titre ? "Unsafe at Any Speed" - "Dangereux à toute vitesse". Et dans le viseur, une voiture précise : la Chevrolet Corvair.

Ce qui va suivre va dépasser tout ce qu'on peut imaginer en termes de guerre d'entreprise. Prostitution, espionnage, chantage... General Motors va mobiliser des moyens dignes d'une agence de renseignement pour détruire un seul homme. Mais ce petit avocat de Harvard va tenir tête au géant et changer à jamais l'histoire de l'automobile.

Aujourd'hui, je vous raconte l'histoire d'un David contre Goliath version automobile, où une seule voiture va faire s'effondrer tout un système et donner naissance aux lois modernes de sécurité routière. Une histoire où les bons et les méchants ne sont peut-être pas ceux qu'on croit...

L'enfant terrible de Detroit

Pour comprendre cette affaire, il faut d'abord parler de la star du scandale : la Chevrolet Corvair. En 1960, quand elle débarque sur le marché américain, c'est une révolution. Imaginez : dans un pays où toutes les voitures ont leur moteur à l'avant, GM ose sortir une voiture avec le moteur... à l'arrière ! Comme une Volkswagen Coccinelle, mais en américain.

L'homme derrière cette audace, c'est Edward Cole, un ingénieur brillant qui vient de prendre les rênes de Chevrolet en 1956. Cole, c'est le genre de type qui rêve de voitures à moteur arrière depuis la Seconde Guerre mondiale. Un visionnaire, ou un fou selon les points de vue. Et croyez-moi, on va vite savoir lequel des deux c'était.

Cole s'entoure d'une équipe d'ingénieurs de choc : Harry Barr, Robert Schilling, Kai Hansen et Frank Winchell. Des noms qui ne vous disent peut-être rien, mais dans le milieu automobile, c'est la crème de la crème. Ces types-là, ils savent ce qu'ils font. Enfin, en théorie...

Le problème, et j'insiste sur le mot problème, c'est que la Corvair des premières années - on parle de 1960 à 1963 - cache un défaut de conception majeur. Sa suspension arrière, qu'on appelle "essieux oscillants", a cette fâcheuse tendance à se "replier" dans certaines situations. En gros, prenez un virage un peu serré, et votre belle Corvair peut décider de faire le grand huit sans vous demander votre avis.

Et le plus fou dans tout ça ? Un mécanicien, George Caramagna, avait pourtant suggéré d'installer une simple barre stabilisatrice pour corriger le problème. Coût estimé : quelques dollars par voiture. Réponse de la direction ? Niet. Trop cher. Allez comprendre...

Le lanceur d'alerte de Harvard

C'est là qu'entre en scène notre héros - ou notre méchant, c'est selon - Ralph Nader. Né en 1934 dans une famille d'immigrés libanais, le type a grandi avec l'idée que David peut battre Goliath. Diplômé de Harvard, avocat, mais surtout obsédé par une idée fixe : les constructeurs automobiles se foutent complètement de la sécurité de leurs clients.

En 1965, Nader a 31 ans et il bouillonne. Il passe ses journées à éplucher les rapports d'accidents, à rencontrer des familles de victimes, à analyser les défauts de conception. Et la Corvair, pour lui, c'est l'exemple parfait de tout ce qui ne va pas dans l'industrie automobile américaine.

Alors il se lance dans un projet fou : écrire un livre pour dénoncer tout ça. "Unsafe at Any Speed" sort en novembre 1965, et le premier chapitre est entièrement consacré à la Corvair, qu'il qualifie carrément d'"accident à une voiture". Pas diplomatique pour deux sous, notre Ralph.

Mais attention, je dois vous dire quelque chose d'amusant : Nader possédait lui-même une Corvair jaune quatre portes ! L'ironie du sort, non ? Le mec qui va descendre en flammes cette voiture en avait une dans son garage. Ça ne s'invente pas.

GM sort l'artillerie lourde

Quand le livre de Nader commence à faire du bruit, les dirigeants de General Motors ne rigolent plus du tout. On parle quand même du plus gros constructeur automobile au monde à l'époque. Ces gens-là, ils ont l'habitude de régler leurs problèmes à coups de millions de dollars et de lobbying intensif.

Mais là, c'est différent. Nader ne demande pas d'argent, il ne veut pas négocier. Il veut juste que GM reconnaisse que ses voitures peuvent tuer. Inacceptable pour les pontes de Detroit.

C'est alors que GM prend une décision qui va passer à l'histoire comme l'une des plus grosses conneries de l'industrie automobile. Au lieu de corriger les défauts de la Corvair ou de répondre calmement aux accusations, ils décident de... détruire Ralph Nader.

Imaginez la scène : dans les bureaux climatisés de GM, des cadres en costume-cravate décident d'engager des détectives privés pour filer ce petit avocat gênant. L'opération commence en février 1966, juste après que Nader ait témoigné devant le Congrès le 10 février.

Et là, moi ça me fascine, parce que GM ne fait pas les choses à moitié. Ils mettent le téléphone de Nader sur écoute, ils le filment en permanence et - j'adore cette partie - ils engagent des prostituées pour tenter de le séduire et le compromettre ! Vous imaginez le briefing : "Bon les filles, votre mission c'est de faire craquer un avocat de Harvard qui critique nos bagnoles." Du grand n'importe quoi.

Le placement de produit

Cette histoire de Corvair, elle me rappelle pourquoi j'adore tellement les voitures anciennes. Chaque modèle a son histoire, ses secrets, ses drames. C'est exactement pour ça que j'ai créé ma boutique BernardMiniatures.fr.

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La livraison est gratuite à partir de 75€ en France, et je fais attention à bien emballer tout ça avec du papier bulle parce que ces petites voitures, ça casse facilement.

Allez faire un tour sur bernardminiatures.fr si ça vous dit - et vous verrez, j'ai quelques modèles américains des années 60 qui valent vraiment le détour.

Maintenant, revenons à notre histoire d'espionnage...

Le scandale éclate

L'opération secrète de GM aurait pu continuer longtemps si Nader n'avait pas été aussi malin. Le type se rend compte qu'on le suit. Il remarque les mêmes voitures dans son rétroviseur, les mêmes visages dans les cafés où il va. Et ces femmes un peu trop entreprises qui l'abordent "par hasard"...

Alors Nader fait ce que ferait tout avocat qui se respecte : il contre-attaque. Il commence à documenter tout ce harcèlement, à prendre des photos, à noter les plaques d'immatriculation. GM croit jouer aux espions, mais ils ont affaire à Harvard Law School.

Et puis arrive le moment que tout le monde attendait : Nader passe à l'offensive publique. Il révèle l'existence de cette campagne d'espionnage dans les médias. L'effet est dévastateur. Imaginez les gros titres : "GM espionne ses critiques" !

Le PDG de General Motors, James Roche, se retrouve convoqué devant le Sénat américain. Et là, sous serment, il est obligé d'admettre que oui, GM a bien engagé des détectives privés pour enquêter sur Nader. L'aveu en direct, devant tout le pays. Le genre de moment où on a envie de se cacher sous son bureau.

GM présente des excuses publiques à Nader, mais le mal est fait. L'image de la compagnie est détruite. Du jour au lendemain, GM passe du statut de géant respecté à celui de voyou industriel.

Les révélations de l'intérieur

Mais attendez, parce que les révélations ne s'arrêtent pas là. John DeLorean - oui, celui des voitures à portes papillon - qui travaillait chez GM à l'époque, balance tout dans son livre "On A Clear Day You Can See GM".

Selon DeLorean, Frank Winchell, un des ingénieurs de l'équipe de Cole, avait fait un tonneau avec l'un des premiers prototypes de Corvair. Et ce n'était pas le seul ! D'autres accidents similaires avaient suivi pendant les tests.

Une bataille interne féroce s'était engagée. D'un côté Ed Cole, obsédé par son projet, de l'autre plusieurs ingénieurs de haut niveau qui tiraient la sonnette d'alarme. Mais comme le dit DeLorean, "l'esprit de Cole était déjà fait". La Corvair sortirait, point final.

Moi, ça me met toujours mal à l'aise ces histoires où l'ego prend le pas sur la sécurité. C'est quand même des vies humaines qu'on met en jeu...

L'étrange défense de la Corvair

Mais tenez-vous bien, parce que l'histoire prend un tournant inattendu. En 1962, trois ans avant le livre de Nader, deux des plus grands pilotes de Formule 1 de l'histoire viennent témoigner... en faveur de la Corvair !

Sir Stirling Moss et Juan Manuel Fangio - j'ai nommé deux légendes absolues de la course automobile - débarquent devant un tribunal américain pour défendre cette voiture controversée. Ces types-là, ils connaissent les voitures à moteur arrière mieux que personne. Ils sont passés des voitures à moteur avant aux voitures à moteur arrière en F1, ils savent de quoi ils parlent.

Leur argument ? Une voiture à moteur arrière, si on sait la conduire, c'est même mieux qu'une voiture classique. Le problème, c'est pas la voiture, c'est l'éducation des conducteurs.

Et là, je dois reconnaître qu'ils n'ont pas complètement tort. Prenez une Porsche 911 - moteur arrière aussi - et donnez-la à conduire à n'importe qui sans explication. Il y a de bonnes chances pour que ça finisse mal. Mais personne ne dit que la 911 est dangereuse, on dit juste qu'il faut apprendre à la conduire.

La riposte de Nader

Nader, lui, ne se démonte pas face à ces témoignages prestigieux. Son argument est simple : GM vend cette voiture au grand public, pas à des pilotes de F1. Monsieur et Madame Tout-le-monde n'ont pas la formation de Stirling Moss.

Et puis arrive l'épisode le plus savoureux de toute cette affaire. Nader poursuit GM pour atteinte à la vie privée et... il gagne ! GM doit lui verser 425 000 dollars - une somme énorme pour l'époque.

Mais attention, c'est là que Nader montre qu'il n'est pas dans cette histoire pour l'argent. Il utilise intégralement cette somme pour créer le Center for the Study of Responsive Law, une organisation qui va continuer à surveiller les pratiques industrielles. Le mec transforme son procès en machine à lutter contre les abus des grandes entreprises.

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L'impact politique

L'affaire Corvair va bien au-delà d'une simple querelle entre un avocat et un constructeur. Un an seulement après la publication d'"Unsafe at Any Speed", le Congrès américain adopte à l'unanimité - et j'insiste sur le mot unanimité - le National Traffic and Motor Vehicle Safety Act.

Le président Johnson signe cette loi lors d'une cérémonie à la Maison Blanche le 9 septembre 1966. Pour la première fois dans l'histoire américaine, l'État va contrôler la sécurité des automobiles. Fini le temps où les constructeurs faisaient ce qu'ils voulaient sans rendre de comptes.

Cette loi, c'est l'ancêtre de toutes les réglementations modernes de sécurité automobile. Les airbags, l'ABS, l'ESP, les zones de déformation... tout ça découle directement de ce que Nader a initié en 1965. Pas mal pour un petit avocat de 31 ans, non ?

La réhabilitation inattendue

Mais l'histoire ne s'arrête pas là, et c'est là que ça devient vraiment intéressant. En 1972, la National Highway Traffic Safety Administration - l'organisme créé suite à la loi de 1966 - publie un rapport qui... conteste les allégations de Nader !

Selon ce rapport officiel, le taux de retournement de la Corvair n'était pas plus élevé que celui de voitures comparables. Le comportement en virage serré n'était pas si anormal que ça. En gros, la Corvair n'était peut-être pas plus dangereuse que ses concurrentes.

Et d'ailleurs, GM avait déjà introduit en 1965 une suspension arrière indépendante plus avancée qui résolvait complètement les problèmes de carrossage. La Corvair de 1965-1969 était techniquement irréprochable.

Alors, Nader avait-il raison ou tort ? Moi je pense que la vérité est quelque part entre les deux. La Corvair des premières années avait effectivement des défauts, mais pas forcément plus graves que d'autres voitures de l'époque. Le vrai problème, c'était l'attitude de GM face aux critiques.

Qui a tué la Corvair ?

Et là, je vous révèle quelque chose qui va vous surprendre : Nader n'a pas tué la Corvair ! Contrairement à ce que tout le monde croit, GM avait déjà arrêté le développement de nouveaux modèles six mois avant la publication d'"Unsafe at Any Speed".

La Corvair était déjà condamnée, pas à cause du livre de Nader, mais à cause de multiples procès et d'accidents très médiatisés. Le plus célèbre ? L'accident mortel du comédien Ernie Kovacs en 1962, trois ans avant le livre de Nader.

D'ailleurs, la Corvair redessinée de 1965 s'était mieux vendue que les modèles précédents. Si GM avait vraiment voulu sauver la Corvair, ils auraient pu. Mais ils avaient déjà d'autres projets en tête.

En réalité, GM préférait concentrer ses efforts sur des voitures plus conventionnelles et plus rentables. La Corvair était devenue un boulet pour l'image de la marque, indépendamment des critiques de Nader.

L'héritage d'une guerre

Aujourd'hui, quand on regarde cette affaire avec le recul, on se rend compte que tout le monde avait un peu raison et un peu tort. Nader avait raison de critiquer l'attitude cavalière de GM face à la sécurité. GM avait raison de dire que leurs ingénieurs savaient ce qu'ils faisaient techniquement.

Mais le plus important, c'est l'héritage de cette bataille. Nader déclare avoir contribué au lancement du mouvement consumériste moderne, avec des législations sur la sécurité automobile, la pollution de l'air et de l'eau, qui ont "empêché des millions de vies d'être perdues et des dizaines de millions de blessures".

Et franchement, même si on peut discuter des détails techniques de la Corvair, on ne peut pas nier que nos voitures sont infiniment plus sûres aujourd'hui qu'en 1965. Et ça, c'est en grande partie grâce à des gens comme Nader qui ont eu le courage de dire non aux géants industriels.

L'affaire Corvair nous apprend aussi quelque chose d'important sur le pouvoir des entreprises. Quand GM a décidé d'espionner Nader plutôt que de répondre à ses critiques, ils ont montré que même les plus grandes entreprises peuvent paniquer face à un seul homme déterminé.

Épilogue : la leçon d'une Corvair jaune

Il y a quelques années, la propre Corvair de Nader - cette fameuse jaune quatre portes - a été utilisée lors de tests sur piste pour vérifier ses accusations des décennies plus tard. Le verdict ? La voiture se comportait effectivement de manière particulière, mais rien d'insurmontable pour un conducteur averti.

Au final, cette histoire nous rappelle que l'automobile, c'est bien plus que de la mécanique. C'est de la politique, de l'économie, de la psychologie humaine. Une simple voiture peut changer l'histoire, déclencher des lois, faire tomber des dirigeants.

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La Corvair aura finalement eu une carrière de dix ans, de 1960 à 1969. Pas si mal pour une voiture "dangereuse", non ? Et aujourd'hui, les collectionneurs se l'arrachent. Comme quoi, avec le temps, même les scandales peuvent devenir des objets de nostalgie.

Nader, lui, continue à 90 ans passés son combat pour la défense des consommateurs. GM est toujours le géant qu'on connaît, mais avec des départements sécurité qu'on ne plaisante plus. Et nous, on roule dans des voitures infiniment plus sûres qu'en 1965.

Cette histoire de Corvair, c'est finalement celle d'une révolution silencieuse. Une révolution qui a commencé dans le garage d'un avocat avec une voiture jaune et qui a fini par changer la façon dont on conçoit l'automobile dans le monde entier. Pas mal pour une histoire de "simple" voiture défectueuse, vous ne trouvez pas ?

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Illustration Voitures Rétros Vintage France
La Corvair jaune de Ralph Nader : une ironie de l'histoire