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Matra RANCHO : Le FAUX 4x4 qui a inventé le SUV

Mars 1977, Salon de Genève. Pendant que tout le monde s'extasie devant les Ferrari et les Porsche, il y a ce truc bizarre dans un coin du stand Matra. Une sorte de... je sais même pas comment appeler ça. Ça ressemble à un 4x4, ça a l'air baroudeur avec ses gros pare-chocs noirs et sa garde au sol de tracteur, mais pourtant quelque chose cloche. Les connaisseurs froncent les sourcils, les journalistes ne savent pas trop dans quelle catégorie la classer, et les visiteurs... bah les visiteurs, ils adorent.

Cette chose bizarre, c'est la Matra Rancho. Et ce jour-là, sans le savoir, Matra vient d'inventer le concept du SUV moderne, 20 ans avant que tout le monde s'y mette. Sauf qu'il y a un petit problème avec ce "baroudeur" français : c'est un fake total. Un faux 4x4 qui va pourtant révolutionner l'automobile et tromper son monde pendant des années.

Bon, je dois vous avouer un truc d'entrée : quand j'ai découvert l'histoire de la Rancho, j'ai eu l'impression de comprendre d'où venait cette obsession française pour les voitures qui en font trop. Vous savez, ces bagnoles qui se la jouent aventurières alors qu'elles finissent surtout sur les parkings de supermarchés. La Rancho, c'est l'ancêtre de tout ça, mais en version géniale.

Les débuts : quand Matra fait du bricolage de génie

Pour comprendre cette histoire, il faut remonter au milieu des années 70. Matra, vous connaissez : les champions de Formule 1, les vainqueurs du Mans, bref, les rois de la performance. Mais là, Philippe Guédon, l'ingénieur en chef, a un problème. Jean-Luc Lagardère, le patron, lui donne un budget ridicule pour développer un nouveau modèle : seulement 15 millions de francs. Pour vous donner une idée, aujourd'hui ça représenterait même pas le budget pub d'une Clio.

Alors Guédon, il a une idée de génie. Plutôt que de tout créer de zéro, il va faire ce qu'il appelle lui-même "la recette du pain perdu appliquée à l'automobile". Il prend un châssis de Simca 1100 VF2 - vous savez, la petite fourgonnette - il y colle un moteur de Simca 1308 GT qui développe 80 chevaux, et il habille tout ça avec une carrosserie qui fait illusion.

Et vous savez quoi ? Je trouve ça brillant. Parce qu'au final, c'est exactement ce que font les constructeurs aujourd'hui : ils prennent des plateformes existantes et ils les déclinent à l'infini. Sauf qu'à l'époque, personne ne faisait ça, personne n'osait.

Philippe Guédon : le visionnaire méconnu

Philippe Guédon, je dois vous en parler parce que ce type, c'est un héros méconnu de l'automobile française. Ingénieur des Arts et Métiers, ancien de chez Simca, il devient directeur technique puis PDG de Matra Automobile. Et ce bonhomme, il va créer deux révolutions : d'abord la Rancho, puis plus tard... le Renault Espace. Oui, les deux véhicules qui ont le plus marqué l'automobile française moderne, c'est le même mec qui les a pensés.

Mais en 1977, personne ne mesure encore le génie du concept. Même Lagardère n'y croit pas vraiment. Il donne son feu vert parce que ça coûte pas cher, point. "Allez-y, amusez-vous avec vos 15 millions, mais n'espérez pas de miracles."

Sauf que le miracle, il va arriver.

Antoine Volanis : quand un Grec révolutionne le design français

Là où l'histoire devient encore plus dingue, c'est quand on découvre qui a dessiné cette Rancho. Antoine Volanis, un designer grec né à Thessalonique en 1948, qui s'installe en France en 1968. Ce type, il a un œil absolument incroyable.

Volanis, il va signer le design de la Bagheera, de la Rancho, de la Murena... et tenez-vous bien, plus tard du Renault Espace aussi. Mais avec la Rancho, il invente carrément un nouveau langage esthétique. Cette cellule arrière vitrée surélevée, ces protections plastique noires, cette allure de baroudeur chic... il est en train de créer les codes du SUV moderne, 20 ans avant que le mot SUV existe.

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Et moi, quand je regarde les photos de la Rancho aujourd'hui, je me dis que ce mec était visionnaire. Parce que regardez n'importe quel crossover actuel : vous y retrouvez les mêmes proportions, la même approche esthétique. Volanis a inventé un style qui domine encore l'automobile 45 ans plus tard.

Le génie du "faux 4x4"

Mais bon, revenons à notre Rancho et à son plus gros mensonge : elle se la joue baroudeuse, mais c'est une simple traction avant. Garde au sol surélevée, pneus à gros crampons, équipements "raid"... tout est fait pour qu'on croie qu'elle peut aller partout. Sauf qu'en réalité, dès que vous sortez du bitume, c'est la galère assurée.

Et le plus beau dans tout ça ? Matra l'assume complètement. Ils ne mentent pas vraiment, ils laissent juste les gens croire ce qu'ils veulent croire. C'est du marketing de génie : vendre du rêve d'aventure à des gens qui ne quitteront jamais l'asphalte.

Parce que soyons honnêtes : combien de propriétaires de SUV aujourd'hui utilisent vraiment les capacités 4x4 de leur engin ? 5% ? 2% ? La Rancho a été la première à comprendre qu'on pouvait vendre l'image sans la substance, et que les clients seraient ravis.

Un succès qui dépasse toutes les prévisions

Alors là, c'est le moment où tout le monde chez Matra commence à halluciner. Ils avaient prévu 25 000 unités au total. Un petit succès d'estime, quoi. Mais dès 1978, première année complète de commercialisation, ils en vendent 15 500. L'année suivante, c'est encore mieux.

Au final, la production va dépasser les 56 000 exemplaires. Plus du double de ce qui était prévu. 22 734 sous l'appellation Matra-Simca, puis 33 723 sous Talbot-Matra après le rachat de Simca par PSA.

Et vous savez ce qui me fascine dans cette histoire ? C'est que personne n'avait anticipé cette demande. Ni les études de marché, ni les analystes, ni même Matra. Il a fallu qu'ils sortent ce truc bizarre pour se rendre compte qu'il y avait un besoin. Les gens voulaient de l'aventure dans leur quotidien, même factice.

L'évolution de la gamme : du simple au complexe

Fort de ce succès, Matra va décliner le concept. En 1979, ils sortent trois versions distinctes. La Rancho X, version luxe avec ses jantes en alliage qui font fureur à l'époque. L'AS "Affaire Société", une version 2 places pour les professionnels qui ont compris l'intérêt marketing du truc. Et surtout, la Grand Raid.

Ah, la Grand Raid ! Là, Matra pousse le vice jusqu'au bout. Différentiel à glissement limité, phares additionnels, roue de secours sur le toit... ils rajoutent tous les codes du vrai baroudeur. Et ça marche ! Les clients adorent ces gadgets qui ne serviront jamais.

Moi, je trouve ça génial cette approche. Plutôt que de faire du vrai 4x4 complexe et cher, ils font du faux 4x4 fun et abordable. Et au final, tout le monde est content : les clients ont leur dose d'aventure, Matra fait ses marges.

Au bout de quelques années, il y avait environ 1500 références de miniatures de voitures classiques françaises. J'ai toujours été passionné par ces modèles des années 50 à 90, ces voitures qui ont marqué notre histoire automobile. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai créé ma boutique BernardMiniatures.fr.

J'ai plus de 1500 miniatures en stock, principalement au 1/43ème, avec un focus sur les voitures françaises de cette période dorée. Bon, je ne suis pas un gros site, alors souvent j'ai qu'une ou deux pièces de chaque modèle, mais c'est aussi ce qui fait le charme. La livraison est gratuite à partir de 75€ en France, et je fais attention à bien emballer tout ça.

D'ailleurs, j'ai quelques Rancho miniatures qui valent vraiment le détour. Parce que cette voiture, elle a marqué son époque et mérite sa place dans toute collection qui se respecte.

Claude Brasseur et "La Boum" : quand le cinéma s'en mêle

Mais si la Rancho est vraiment entrée dans l'imaginaire collectif français, c'est aussi grâce au cinéma. En 1980, sort "La Boum" avec Sophie Marceau. Et devinez ce que conduit Claude Brasseur dans le film ? Une Rancho beige.

Le film fait 4,4 millions d'entrées en France, 15 millions en Europe. C'est un carton planétaire. Et dans toutes ces salles, les spectateurs voient cette voiture bizarre qui colle parfaitement au personnage du père de famille parisien qui se la joue un peu aventurier le weekend.

Puis en 1982, "La Boum 2" remet ça. La Rancho devient officiellement la voiture de l'évasion familiale française. Plus besoin de pub, le cinéma a fait le boulot.

Et moi, je trouve ça symbolique. Parce que "La Boum", c'est l'histoire d'une ado qui grandit, qui découvre la vie. Et la Rancho, c'est l'histoire de l'automobile française qui grandit aussi, qui découvre de nouveaux territoires.

Les vraies raisons du succès

Mais au-delà du marketing et du cinéma, pourquoi la Rancho a-t-elle autant marché ? D'abord, parce qu'elle arrivait au bon moment. Les années 70, c'est l'époque où les Français commencent à avoir des loisirs, à partir en weekend, à rêver d'évasion.

Ensuite, parce qu'elle était pratique sans être compliquée. Un hayon arrière immense, des sièges modulables, de la place pour tout un bazar... mais avec la fiabilité et la simplicité d'une Simca 1100. Pas de transmission 4x4 capricieuse, pas d'électronique sophistiquée.

Et puis, soyons francs : elle était cool. À une époque où les voitures familiales étaient soit ennuyeuses (les berlines), soit moches (les breaks), la Rancho proposait quelque chose de différent. Un style, une personnalité.

Jean-Luc Lagardère : le patron qui n'y croyait pas

L'ironie de cette histoire, c'est que le patron de Matra n'y croyait pas du tout. Jean-Luc Lagardère, ingénieur de 35 ans devenu PDG en 1963, avait fait de Matra un champion en F1 et au Mans. Pour lui, Matra, c'est la performance pure, la technique de pointe.

Alors quand Guédon lui propose ce projet de "voiture de loisir" fabriquée avec des bouts de ficelle, Lagardère hausse les épaules. Il donne son accord parce que ça coûte rien, mais il n'attend rien du projet.

Et au final ? La Rancho va devenir le modèle le plus rentable de toute l'histoire de Matra Automobile. Plus rentable que les sportives, plus rentable que les voitures de course. Le petit projet bricolé du fond du garage rapporte une fortune à celui qui n'y croyait pas.

Moi, ça me fait penser à plein d'autres histoires dans l'automobile. Combien de succès sont nés d'idées que personne ne prenait au sérieux ? La 2CV, la 4L, la Golf... souvent, les plus grands succès viennent de là où on ne les attend pas.

La fin prématurée d'une success story

Mais voilà, toutes les belles histoires ont une fin. En 1983, après seulement 6 ans de carrière, la production de la Rancho s'arrête. Pas parce qu'elle ne se vend plus - au contraire, la demande reste forte - mais pour des raisons politico-industrielles.

Matra rompt avec PSA pour s'associer avec Renault. Fini la collaboration avec Peugeot-Talbot, fini l'accès aux organes Simca. Et comme la Rancho était entièrement basée sur cette mécanique, impossible de continuer.

C'est dommage parce qu'on peut se demander ce que serait devenue la Rancho si elle avait continué son évolution. Aurait-elle anticipé encore plus l'évolution vers les SUV ? Matra aurait-il inventé le crossover familial 15 ans avant tout le monde ?

On ne le saura jamais. Mais cette interruption brutale ajoute encore au mythe. La Rancho reste figée dans notre mémoire comme elle était : révolutionnaire, originale, un peu folle.

L'héritage : quand la France invente le futur

Aujourd'hui, quand je regarde le marché automobile, je me dis que la Rancho était 40 ans en avance. Les SUV représentent plus de 40% du marché européen. Tout le monde veut son "baroudeur" pour aller chercher les gamins à l'école.

Et tous ces engins, ils reprennent exactement la recette de la Rancho : l'allure de l'aventure avec le confort du quotidien. Des plateformes de berlines surélevées, habillées pour faire robuste, vendues comme des véhicules d'évasion.

La différence, c'est qu'aujourd'hui c'est devenu industriel, standardisé. La Rancho, elle, gardait cette folie française, cette capacité à oser des trucs que personne d'autre n'osait.

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Philippe Guédon et son équipe ont inventé un concept que l'industrie mondiale a mis 20 ans à comprendre et adopter. Pas mal pour un "pain perdu automobile" bricolé avec 15 millions de francs, non ?

Une leçon d'audace

Au final, l'histoire de la Rancho, c'est une leçon d'audace. Celle d'oser sortir des sentiers battus, de proposer quelque chose de différent même quand tout le monde vous dit que ça ne marchera jamais.

C'est aussi l'histoire d'une époque où l'industrie française osait encore prendre des risques, où on pouvait développer un modèle révolutionnaire avec trois fois rien. Une époque où le génie créatif comptait plus que les études de marché.

Moi, quand je vois une Rancho aujourd'hui - et ça m'arrive encore de temps en temps sur les routes de campagne - je me dis que c'est un petit miracle qu'elle ait existé. Un petit miracle français qui a changé la face de l'automobile mondiale.

Et vous savez quoi ? Ça me rend fier de notre industrie automobile, même si elle n'est plus ce qu'elle était. Parce que cette capacité à surprendre, à inventer des trucs auxquels personne ne pense, c'est ce qui fait la beauté de l'automobile.

La Matra Rancho : le faux 4x4 qui a inventé l'avenir de la voiture. Pas mal comme épitaphe, non ?

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